La fièvre traîtresse, de Pétrarque (1304-1374).

La fièvre traîtresse.

Recueil : Le Canzoniere (1304-1374)
Malheureux ! le dernier de mes jours d'allégresse,
Qui dans ce court passage ont été peu nombreux,
Avait sonné ; mon cœur, présageant la tristesse,
De neige et de chaleur sentait le poids affreux.

J'étais comme celui dont les nerfs douloureux
Sentent vers eux venir une fièvre traîtresse.
Mais l'incomplet bonheur de mon cœur amoureux
Devait-il donc finir avec tant de vitesse !...

Ses yeux si beaux, ses yeux dans le ciel animés
Par le divin rayon qui nous donne la vie,
Quittant les miens à qui toute vue est ravie,

Leur disaient par les feux dont ils sont enflammés :
« Restez en paix, objets d'une amitié trop chère ;
Nous devons nous revoir, mais non pas sur la terre. »


Pétrarque.