Le faux ami, d'Édouard Burdet.

Le faux ami.

Recueil : Sonnets et romances (1854)
J'avais, au temps de ma richesse,
Un ami des plus chaleureux ;
Il m'accablait de sa tendresse
Et de ses transports furieux.

J'avais, aux jours de ma jeunesse,
Un beau chien noir aux poils soyeux,
Qui m'aimait plus qu'une maîtresse
Et me comprenait beaucoup mieux.

Loin d'eux je partis en voyage ;
À peine sauvé d'un naufrage,
Pauvre, je revins les chercher.

Hier, je les trouvai tous deux dans la rue :
Le premier, mon ami, détourna la vue ;
Le second, mon chien, accourut me lécher.

Édouard Burdet.