Le véritable amour, de Pierre-Joseph Charrin (1820).

Le véritable amour.

Recueil : Chansons et poésies (1820)
Quand on est deux, n'avoir qu'une pensée,
Un même coeur, un même sentiment ;
Avoir, quand l'âme est émue, oppressée,
En même temps et plaisir et tourment.
Être aux genoux de l'objet qu'on adore,
Plus enflammé, plus pressant chaque jour,
Taire à jamais ce qu'il faut qu'on ignore ;
Ah ! n'est-ce pas là le véritable amour ?

Ne s'affliger que des maux de l'absence ;
Injustement, ne pas être jaloux :
Être discret, et chérir la constance,
Être, à la fois, et l'amant et l'époux.
D'un seul regard interroger sa belle ;
La deviner, lui répondre à son tour ;
Fuir les plaisirs qui nous séparent d'elle ;
Ah ! n'est-ce pas là le véritable amour ?

En s'éloignant de l'objet qui sait plaire,
À l'espérance abandonner son cœur ;
Chercher, chérir un endroit solitaire,
Chanter ses feux, et rêver le bonheur ;
Impatient, mais ivre de tendresse,
Faire des vœux pour hâter son retour ;
De vingt baisers payer une caresse ;
Ah ! n'est-ce pas là le véritable amour ?


Pierre-Joseph Charrin.