Le vieillard heureux, d'Édouard Burdet.

Le vieillard heureux.

Recueil : Sonnets et romances (1854)
Quand la jeune espérance en mon cœur sera morte,
Quand j'aurai fatigué mes pas sur ce chemin
Où marche à tous hasards le pauvre genre humain,
Quand aux plaisirs d'amour je dirai : « Que m'importe ! »

Quand longtemps accablé d'ennuis de toute sorte,
Je pourrai chaque jour douter du lendemain,
Quand, resté seul des miens, j'irai tendre la main
Sans trouver d'un ami la main loyale et forte,

Je rirai, car alors au diable l'avenir !
Si j'ai mal commencé, je prétends bien finir ;
Gris du matin au soir et du soir à l'aurore,

Je veux ne craindre rien, je veux ne rien prévoir,
Je veux boire et rêver, rêver et boire encore,
Vivre sans m'en douter, mourir sans le savoir !


Édouard Burdet.