À ma meilleure amie, d'Edmond Arnould.

À ma meilleure amie.

Recueil : Sonnets et poèmes (1863)
Si j'étais une fleur, j'ouvrirais mon calice
Et répandrais pour toi mes parfums les plus chers ;
Abeille, au bord des prés, sur les coteaux déserts,
J'irais de son doux suc dépouiller la mélisse ;

Rossignol, je voudrais, à l'heure où le soir glisse,
Comme un rêveur discret, entre les rameaux verts,
Poète ailé des bois, exhaler dans les airs
Un chant sonore et pur d'où l'amitié jaillisse.

Je ne suis pas l'abeille et ne suis pas la fleur ;
Je ne pourrais t'offrir ni brillante couleur,
Ni frais parfum, ni miel à la saveur exquise ;

Mais avec le chanteur j'ai quelque parenté.
Reçois donc ce sonnet, qu'il parte avec la brise,
Sincère écho d'un cœur, qui peut être accepté !


Edmond Arnould (1811-1861)