À ma douleur accordez des larmes, de Jules Guillemin.

À ma douleur accordez quelques larmes.

Recueil : Les poésies et sonnets (1853)
Si je puis oublier les chagrins si cuisants
Qui torturent ma vie et l'accablent sans cesse,
Si je puis voir vos yeux affaiblis par les ans,
Perdre de leurs regards la force enchanteresse !

Si de vos cheveux d'or l'âge argente la tresse,
Si je vous vois quitter ces pompeux vêtements,
Perdre ce teint rosé qui cause ma tristesse
Et me fait exhaler tant de gémissements !

Alors, peut-être, Amour m'inspirera l'audace
De vous dire les ans et les jours que je passe
À souffrir, à pleurer pour vos attraits vainqueurs.

Et si notre âge, alors, n'est plus fait pour ses charmes,
Ni pour les chauds désirs que ce dieu souffle aux cœurs,
À ma douleur, au moins, accordez quelques larmes !

Jules Guillemin