À une jeune fille amoureuse, de Paul Collin.

À une jeune fille amoureuse.

Recueil : Les poèmes musicaux (1886)
À votre âge, fillette,
Le cœur est transparent.
Pour peu que l'on vous guette
On est vite au courant.

Il est rare qu'on sache
Bien mentir à vingt ans,
Et qu'un secret qu'on cache
Reste caché longtemps.

En vain d'ailleurs on use
De feinte et de détour,
Il n'est mensonge ou ruse
Qui déguise l'amour.

En vain le front et l'âme
D'un voile sont couverts,
Puisqu'il est une flamme
On le voit au travers.

C'est pourquoi j'ai su lire
En ce cœur mal fermé ;
Et je pourrais vous dire
Le nom du bien-aimé.

Pour trahir le mystère
Il suffit d'un regard ;
Votre voix sait se taire,
Mais votre vil est bavard !

Paul Collin (1843-1915)