Aider les malheureux, d'Ernest Bussy.

Prenez courage, âmes brisées !

Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Ce serait mon désir suprême
D'aller aider tous les malheureux.
Je les respecte et je les aime,
Car le Christ est venu pour eux.

Je dirais à la pauvre méprisée
Qui souffre désespérément :
« Prenez courage, âme brisée !
Il est pour vous un père aimant. »

Pauvre sœur de la Pécheresse,
Humble femme au cœur pénitent,
Vous avez besoin de tendresse ?
— Le Maître est là qui vous attend.

Je connais sa miséricorde.
Il est indulgent à l'aveu.
Ne craignez point, car il accorde
Toute sa grâce à qui la veut.

Il dit : « Viens, malade et coupable ;
Je suis Justice et Guérison ! »
— Le Fils de Dieu n'est point capable
De mensonge ou de trahison.

Puisque le monde vous repousse,
Allez à Lui qui vous reçoit.
Sa voix est toujours tendre et douce,
Si mauvais et perdu qu'on soit.

Je pars, me tenant ce langage ;
Mais je reviens toujours confus.
Car à l'instant d'agir, je gage
Que j'essuierai quelque refus...

Et mon zèle hésite, recule ;
Et n'osant avancer ma main,
De l'aube claire au crépuscule,
Je poursuis tout seul mon chemin.

Ernest Bussy (1864-1886)