Des départs mais jamais d'adieux, d'Ernest Bussy.

Chaque fois qu'un ami nous quitte...

Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Chaque fois qu'un ami nous laisse,
Un peu de notre cœur le suit.
C'est un regret de plus qui blesse,
Un peu de bonheur qui s'enfuit.

Longtemps on recule cette heure,
On la remet au lendemain.
On aime, on oublie... et l'on pleure
Quand il faut se tendre la main.

Qui dira l'intime souffrance,
Les amers et secrets combats
De ces départs, sans l'espérance
D'un joyeux revoir ici-bas ?

Mais c'est une douceur suprême
Pour tous ceux qui restent, de voir,
Dans les jours mauvais, ceux qu'on aime
Partir en faisant leur devoir.

Un jour, l'âme, quittant ses voiles,
S'envolera vers d'autres cieux.
Au-delà des claires étoiles
Plus de départs, jamais d'adieux.

Ernest Bussy (1864-1886)