Dors enfant dors, de Loyse de Sanzier.

Dors enfant, dors.

Recueil : Les poésies, odes et sonnets (1812)
Sous mes baisers j'ai pressé ta paupière,
Enfant, mon cœur bercera ton sommeil,
Dors, dors en paix sur le sein de ta mère ;
Dors, enfant, mes chants charmeront ton réveil.

J'ai vu l'Amour sourire à ta naissance ;
Son aile encore abrite ton berceau ;
Je ne crains point sa volage inconstance,
Dors, enfant, dors ; l'avenir sera beau.

L'amour, vois-tu, c'est le ciel sur la terre ;
De nos tristes jours il les sème de fleurs ;
C'est à tout mal un baume salutaire ;
Dors, enfant, l'amour saura sécher tes pleurs.

Vos premiers droits aux soins, à la tendresse,
Sont tous les maux que nous souffrons pour vous ;
Mais dors, mon fils, ta première caresse
De mes douleurs fut un prix assez doux.

Oh ! si parfois j'ai versé quelques larmes,
Durant les jours où mon sein te portait,
À mes soupirs l'espoir mêlait ses charmes ;
Dors, enfant, j'aimais l'émoi qui m'agitait.

Ange du ciel, ma vie était ta vie ;
Si je tremblais ce n'était que pour toi,
Pour ta jeune âme à mes maux asservie ;
Dors, de souffrir je n'ai plus tant d'effroi.

Sous mes baisers j'ai pressé ta paupière,
Enfant, mon cœur bercera ton sommeil,
Dors, dors en paix sur le sein de ta mère ;
Dors, enfant, mes chants charmeront ton réveil.

Loyse de Sanzier.