Doux baisers, d'Évariste Boulay-Paty.

Les doux baisers.

Recueil : Les sonnets et poésies (1851)
Ses doigts blancs se promenaient sur mes lèvres
Une rose d'automne avec sa faible odeur,
Puis elle me disait, dans sa vive candeur :
« Je voudrais te calmer, cœur aux ardentes fièvres. »

Et ses baisers, plus doux que le doux lait des chèvres,
M'épanchaient lentement leur suave tiédeur,
Et de leur nectar pur apaisaient mon ardeur,
Du doux lait des baisers aujourd'hui tu me sèvres !

Ce beau soir, bien souvent je le revois d'ici ;
Sa main agite encor cette fleur blanche et rose
Dont elle se plaisait à m'effleurer ainsi.

Je repense à la fleur, mon cœur est tout morose.
Qu'est-elle devenue, hélas ! la jeune rose ?
Elle s'est effeuillée... et mon bonheur aussi.

Évariste Boulay-Paty.