En secret j'adore une jolie fleur, de Louis Oppepin.

En secret j'adore une jolie fleur.

Recueil : Les brises du soir, poésies (1870)
En secret j'adore une jolie fleur,
Belle et rêveuse enfant de la prairie ;
Par cette femme je crois à la vie,
Par cette femme je crois au bonheur !

L'aile si pure de l'aurore
Chaque matin vient effleurer ses yeux ;
Elle s'éveille : l'ange aux cieux
Dit son nom au Dieu qu'elle adore !

L'auréole de la candeur
Sur son front pur, comme un beau jour rayonne,
La sainte innocence couronne
Ses traits, doux miroir enchanteur !

Elle prie, et la Vierge même
Penche à sa voix son front resplendissant,
Et l'ange écoute en bénissant
Ses vœux d'amour au Dieu suprême !

Le pauvre en son triste chemin
Va chancelant sous le poids des alarmes ;
Elle paraît : toutes les larmes
S'évanouissent sous sa main !

La pitié pour toute souffrance
Souvent la guide aux portes du malheur :
L'orphelin, la veuve en son cœur
La nomme : ange de l'espérance !

Quand l'hiver au vent destructeur
Couvre nos champs de neige et de froidure,
Aux petits oiseaux sans pâture
Elle jette le grain sauveur !

Tout la chérit : elle est si bonne !
La fleur près d'elle a des parfums plus doux ;
Comme le jour est beau pour nous,
Quand sur nos fronts son œil rayonne !

Heureux de cet amour pieux
Qui la parfume en sa chaste carrière,
Mon cœur n'a plus qu'une prière :
Être aimé d'elle jusqu'aux cieux !


Louis Oppepin