La douleur, de Marie Folleville.

La douleur.

Recueil : Poésies diverses (1831)
La douleur aime le mystère,
Elle est comme un sincère amour :
Oh ! oui, mon cœur, il faut te taire,
Et ne pas t'ouvrir au grand jour.

Qu'attends-tu d'un monde volage ?
Il plaint, en riant, les malheurs ;
Il croit votre âme sans courage,
S'il voit longtemps couler vos pleurs.

Pourtant le chagrin d'une mère
Est si pur et si déchirant,
Qu'il doit trouver un cœur sincère
Qui le respecte en le plaignant.

Mon cher enfant, mon adorée,
Seule tu vois mon désespoir ;
Ah ! de mon âme déchirée
Exauce le secret espoir.

Appelle à toi ta mère tendre,
Sois l'ange des derniers moments ;
Au ciel où ton cœur va m'attendre,
On doit ignorer les tourments.

Et toi, douce mélancolie,
Reste dans le fond de mon cœur ;
Jusqu'au dernier jour de la vie
On me sépare du bonheur.

Mais étouffons de tristes plaintes :
Un fils doit suspendre des pleurs ;
Il devient l'objet de mes craintes,
Pour lui cherchons encor des fleurs.

La douleur aime le mystère,
Elle est comme un sincère amour ;
Oh ! oui, mon cœur, il faut te taire,
Et ne pas t'ouvrir au grand jour.

Marie Folleville.