La richesse enfantine, de Charles de Pomairols.

La richesse enfantine.

Recueil : Les rêves et sentiments (1880)
Les enfants qu'on n'a pas gâtés
Aux clairs étalages des villes,
Se forment des propriétés
Avec les choses les plus viles.

Un débris stérile, un objet
Tombé par la fenêtre ouverte,
Auquel personne ne songeait,
C'est pour eux une découverte.

Un fragment aigu de miroir
Rejeté sans cadre et sans forme,
Leurs yeux jeunes savent y voir
La nouveauté du monde énorme.

Ce que, lassé par le destin,
Notre âge avec mépris leur cède
Est repris par le frais instinct
Qui veut que toujours l'on possède.

On voit ainsi le printemps gai
Recueillir et changer en roses
Tout ce que l'hiver fatigué
Abandonne aux métamorphoses.


Charles de Pomairols (1843-1916)