La veuve est lasse du deuil, de Paul Courty.

La veuve est lasse du deuil.

Recueil : Les heures sombres (1869)
Les vers sont assemblés en fraternelle agape.
Ils ont grand appétit, ces hôtes du Trépas
Qui sert tout un cadavre à leur hideux repas ;
Le cercueil est leur table, et le linceul leur nappe.

Une rouge lueur par les fentes s'échappe...
La paupière est rongée et laisse découverts
Ces yeux qu'Elle ferma, morceau choisi des vers
Qui s'y pendent en blanche et fourmillante grappe.

Mais l'infidèle veuve a déjà sans effort
Oublié les serments jurés au lit de mort,
Et les derniers baisers échangés dans le râle.

Elle est lasse du deuil, et sa précoce main
Va venir allumer les feux d'un autre hymen
À tes mornes clartés, ô lampe sépulcrale.


Paul Courty (1840-1892)