La vie est courte, d'Hippolyte Fleury.

La lampe qui file est semblable à la vie.

Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
La vie est courte et passe ainsi qu'une ombre vaine,
Par l'orage et les vents tourmentée en son cours ;
C'est le chant de l'oiseau qu'on entend dans la plaine
Au déclin des beaux jours.

Elle sèche en naissant, larme qui toujours tombe,
Passagère rosée au lever du soleil ;
Elle naît pour dormir dans le fond de la tombe
Sans espoir de réveil !

C'est une eau que la terre et dessèche et dévore,
C'est une feuille, un son qui vibre dans les airs,
Le dernier tintement d'une cloche sonore
Au milieu des éclairs !

Où t'exiles-tu donc, fugitive harmonie ?
Dans quelle région vas-tu chercher un port ?
Oh ! pourquoi voyons-nous ton sublime génie
S'éteindre dans la mort !

Hippolyte Fleury