Le berceau d'un enfant, de Pierre Dupont.

Le berceau d'un enfant.

Recueil : Chants et poésies (1862)
Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Quand les nids sont encore vides,
Les nids où soupire l'oiseau,
Mère, je vois tes yeux avides
Rester fixés sur un berceau.
C'est que dans ce berceau repose
Le nouveau-né, le bien-aimé ;
Son œil est bleu, sa lèvre est rose,
Son petit souffle est embaumé.

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Tout célèbre ta bienvenue,
Enfant éclos sous les baisers :
Le printemps empourpre la nue
Et verdit les sommets boisés ;
Il vide ses pleines corbeilles
Et ses trésors les plus secrets,
Sur les prés épand les abeilles
Et les oiseaux sur les forêts.

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

La main du Seigneur s'est ouverte
Et tous ses dons ont ruisselé ;
Sur les coteaux, la vigne est verte ;
La plaine voit fleurir le blé.
Enfant, que ton âme bénie
Reçoive ainsi les dons de Dieu !
Que ton front couve le génie,
Ton cœur l'amour, cet autre feu.

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Fleurissez, rose et violette,
Où ses petits pieds marcheront ;
Qu'une fée, avec sa baguette,
Vienne toucher son petit front.
Ne t'écarte pas de la roule.
Qui conduit ton père au bonheur ;
Que ton ombre soit toujours toute
Sous le rayon droit de l'honneur !

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Pierre Dupont.