Le cimetière des êtres aimés, d'Hippolyte Fleury.

Le cimetière des êtres aimés.

Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Hélas ! autour de nous quels changements rapides.
Dans leur suaire blanc que d’êtres emportés !
Que de pleurs ont coulé sur leurs caveaux humides,
Que de morts y seront portés !

Chaque jour nous voyons conduire au cimetière
Des mères, des époux, des enfants, des vieillards :
Un prêtre est toujours là pour dire la prière ;
Quelle suite de corbillards !

La mort amène ici, sans gardes ni trompette,
Les riches du matin, les parvenus du jour,
Et de tous leurs trésors elle fait table nette,
Pour quelques larmes sans amour !

Nos douleurs sont pour vous, charmantes jeunes filles,
Qui dormez pour toujours sous l'arôme des fleurs ;
Entendez les sanglots de vos chères familles,
Je vois sur vous tomber leurs pleurs !

Entendez des oiseaux les douces harmonies,
Ils voltigent sur vous, dorment dans vos cyprès ;
Que leurs tendres soupirs, leurs tristes symphonies
Soient les échos de nos regrets !

Hippolyte Fleury