Le soleil, de Anna de Noailles (1907).

La prière devant le soleil (Extrait)

Recueil : Les éblouissements (1907)
Ma joie est un jardin dont vous êtes la rose,
Enorme soleil d'or, flamme en corolle éclose,
Héros, d'ardents regards et de flèches armé,
Soleil mille soleils en vous seul enfermés !

Moi Seule, en vous voyant, je prie et je chancelle.
C'est comme si un aigle en moi ouvrait ses ailes,
Et qu'en roses l'été fît éclore mon sang,
Quand vous apparaissez, beau Soleil jaillissant !

Je sais que je mourrai, que rien ne peut rester
De ce qui fut si vif sur le monde enchanté,
Que tout va se brisant de mémoire en mémoire ;

Satisfaisant pour moi ma détresse de gloire,
Je veux, pour toute douce et vaine éternité,
Avoir été le coeur d'où ce cri est monté !


Anna de Noailles.