Le temps qui passe si vite, d'Hippolyte Fleury.

À grande vitesse passent nos beaux jours.

Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Avec quelle vitesse passent nos beaux jours !
Nous ne reverrons plus les heureuses années
Que le mobile temps dans son rapide cours
Hélas, a si loin entrainées !

Adieu, temps qui n'est plus ! les âpres aquilons
Ont poussé nos amis dans l'abîme des mondes :
Nous tomberons comme eux sans laisser de sillons,
Dans tes vagues profondes !

La mort enlèvera les grands dans leurs palais
Et le pauvre endormi, calme dans sa chaumière,
Pour former de tous deux, un limon, un engrais
Dans le fond de leur bière.

Nos corps sont ici-bas destinés à périr ;
La main qui les créa leur assigne leur terme,
Et petit à petit le ver vient se nourrir
De notre dernier germe !

Emportés tour à tour comme des voyageurs,
Nous nous retrouverons dans une autre patrie,
Pour revivre immortels au milieu des splendeurs
De l'éternelle vie !

Hippolyte Fleury