Le tourment des amours méprisés, de Paul Courty.

Le tourment des amours méprisés.

Recueil : Les dernières poésies (1891)
Ton superbe mépris peut déchirer mon cœur ;
Je ne retire point pour si peu ma poitrine :
Malgré ton juste orgueil de ta forme divine,
Je sais que du combat je sortirai vainqueur.

Et je reste serein sous ton regard moqueur,
Lorsque, vil espion, sur mon âme il s'incline ;
Tu peux, sous tes dédains, cruels comme une épine,
Faire couler du sang, du sang, mais pas un pleur.

J'ai su le lourd tourment des amours méprisés ;
Mais le cœur trop meurtri se lasse des risées,
Et je peux, pauvre enfant, dédaigner tes efforts.

Car je sais aujourd'hui le grand secret des forts :
Bientôt pâle, à genoux et léchant tes morsures,
Tu mêleras tes pleurs au sang de mes blessures.


Paul Courty (1840-1892)