Les arbres coupés, d'Hippolyte Fleury.

Les vieux chênes abattus.

Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Ces vieux chênes majestueux
Que j'admirais tant sur ma route,
Dont les rameaux, flottants cheveux,
Formaient une si belle voûte ;

Ils ne sont plus ! nobles vieillards
Pleins de force et de dignité ;
Ils avaient bravé les hasards,
Les temps et leur adversité !

Une main dure, impitoyable,
Sous la hache les détruits ;
Et dans cette lutte effroyable
Tous les oiseaux se sont enfuis !

J'aperçois encor dans la terre
Leurs troncs profondément plongés,
Comme une larme solitaire
Sur des morts en file rangés !

J'aperçois aussi, douce image,
Le compagnon de nos malheurs,
Fidèle encore après l'orage,
Le lierre qui verse des pleurs !

Doux lierre ! quand la sépulture
Nous aura l'un et l'autre pris,
Couvre ! couvre de ta verdure
Et notre tombe et nos débris !

Hippolyte Fleury