Les quatre saisons, de Charles de Pomairols.
Les quatre saisons.
Recueil : Les rêves et pensées (1880)
La nature parle toujours ; Sans repos elle manifeste
Dans les clairs et les sombres jours
Son être orgueilleux ou modeste.
Elle parle très haut durant,
L'été, le printemps et l'automne :
Puis, l'auditeur indifférent
La croit muette et l'abandonne.
L'hiver, elle parle tout bas ;
Sa voix plus faible, qui se pâme
Et que la foule n'entend pas,
Murmure au fond d'une seule âme.
Le vert feuillage de l'avril
Me plaît moins que les branches nues ;
Mieux que son frivole babil
J'aime leurs rumeurs inconnues.
Lorsque dans le vent du chemin
On entend résonner leurs fibres,
Alors, ô pauvre cœur humain,
Il semble que c'est toi qui vibres.
Charles de Pomairols (1843-1916)