Les stances au rossignol, de Mathilde Soubeyran.

Les stances au rossignol.

Recueil : Les oiseaux et les fleurs (1878)
Déjà les bruits du jour s'apaisent,
Les oiseaux suspendent leur vol,
Tous les chantres ailés se taisent
Pour l'écouter, o rossignol !

Cependant, je connais, plus tendre,
Un chanteur dont l'hymne très doux,
S'il t'était donné de l'entendre,
Rossignol, te rendrait jaloux.

Toi, chaque printemps te ramène,
Chaque automne te voit partir ;
Mais lui, je crois que l'âme humaine
Peut à son gré le retenir.

On dit même qu'il ne s'envole
Que lorsqu'au loin nous le chassons ;
Qu'aux jours mauvais il nous console
Et nous calme par ses chansons.

Vous dont parfois le cœur s'oublie,
Vide des rêves caressés,
À faire avec mélancolie
Le compte des bonheurs passés,

Dites-moi, les chants de tendresse
De l'amour pourraient-ils charmer
Votre cœur rempli de tristesse ?
Aux jours d'hiver peut-on aimer ?


Mathilde Soubeyran