Les tourments d'amour, d'Helen Maria Williams.

De l'amour j'ignorais les tourments.

Recueil : Les poèmes sur divers sujets (1823)
Quand de l'amour encor j'ignorais les tourments,
Mes jours coulaient brillants des rayons du bel âge,
Des rayons de la joie encore plus brillants.
Tel on voit un platane, ornement du rivage,
Entretenir sous son ombrage
Un air frais et délicieux ;
Le soleil sur sa tête en vain darde ses feux,
Il prête un nouveau lustre à son luisant feuillage.

Beaux jours ! vous retraciez ces temps silencieux
Où notre œil ne découvre aucun nuage aux cieux ;
Où les vents, qu'on entend à peine
Promener sur les mers une indolente haleine,
Entre les tamarins glissent légèrement,
Et du noble oranger respectent l'ornement.
Mais depuis que l'amour me retient dans ses chaînes,
Que de larmes il m'a coûté !

C'est terreur sur terreur, ce sont peines sur peines ;
Mon cœur, de mille soins jour et nuit agité,
Ressemble à l'Océan par les vents tourmenté.
Et que peut faire la prudence,
Et que peut dire la raison,
Quand ce cœur en secret se plaît à sa souffrance,
Et ne veut point de guérison ?

Helen Maria Williams (1759-1827)