La tristesse, de Charles-Louis Mollevaut (1843).

La tristesse.

Recueil : Sonnets (1843)
Ma vie à flots troublés s'écoule malheureuse ;
Une angoisse profonde assiège mon esprit,
Et rien ne peut fléchir ma plainte douloureuse,
Quand j'ai perdu le cœur dont mon cœur est épris.

La lumière du jour est pour moi ténébreuse :
J'y cherche en vain l'objet qui fut mon plus doux prix ;
Et ma lyre n'a plus de mélodie heureuse,
Car je lui consacrai tous les chants que j'appris.

Ah ! laissez de mes pleurs, laissez couler la source :
Ces pleurs de mes ennuis sont la seule ressource ;
Vous, puissiez-vous jouir du destin le plus beau.

Moi, je ne veux plus rien sur le sein de la terre,
Et reste enseveli sous le toit solitaire,
Comme un mortel couché dans la nuit du tombeau.


Charles-Louis Mollevaut.