Viens me consoler, de Édouard Turquety.

Viens me consoler.

Recueil : Amour et Foi (1833)
Oh ! viens me consoler, viens, ne fût-ce qu'un jour,
Ma suprême douleur veut ton suprême amour ;
Oh ! viens me consoler, il faut que je te voie,
Et ton aspect saura me rendre un peu de joie.

Laisse, oh ! laisse sur moi rayonner tout entière
Cette flamme d'amour qui dort sous ta paupière ;
Laisse de tes grands yeux, de tes longs cils voilés
Descendre sur mon front tes regards étoilés.

Livre-moi cette main dont la pression douce
M'attire si souvent quand ta voix me repousse ;
Car l'amour est timide, et le tien tremble encore,
Et la lèvre et le cœur sont rarement d'accord.

Mais je connais ton âme et je ne crains rien d'elle,
Je sais que ton amour me restera fidèle ;
Oh toi, mon ange, toi qui sais qu'un nœud si beau
Doit traverser la vie, et même le tombeau.

Viens donc, viens rassurer mon âme qui s'alarme,
Vois ma paupière où brille une dernière larme,
Un espoir la retient et m'aide à la cacher ;
Mais c'est ton regard seul qui pourra la sécher.

Édouard Turquety.