L'amour trahi, de Henri Villard.

L'amour trahi.

Recueil : Poésies amoureuses (1813)
Elle m'avait dit : « Je t'aime !
Mon cœur est à toi pour toujours ;
Je crois en toi comme à Dieu même,
Tu seras toujours mon seul amour. »

Et puis, elle ajoutait des choses
Dont s'enivrait mon cœur tremblant ;
Moins doux est le parfum des roses
Qu'elle effeuillait en me parlant.

Je ne trouvais rien à lui dire,
Et je restais silencieux,
Tout rayonnant de son sourire
Et du doux éclair de ses yeux.

Ah ! je conserve en moi la flamme
Et le souvenir immortel
De l'heure qui fixa mon âme
Dans un sentiment éternel !

L'eau murmurait harmonieuse
À l'ombre des balcons fleuris ;
La lune éclatait radieuse
Dans l'azur des cieux infinis ;

Les parfums des fleurs, que caresse
Le souffle pur des nuits d'été,
Montaient à nous comme une ivresse
D'ardente et tendre volupté ;

La brise emportait sur ses ailes,
Pour les dire aux étoiles d'or,
Ces serments d'amours éternels
Que sa voix murmurait encor...

Les arbres que couvre l'automne
De son œil à demi-voilé
Ont encore au front leur couronne ;
Mais son amour s'est envolé !...

Henri Villard.