À chacun sa richesse, de Louis Oppepin.

À chacun sa richesse.

Recueil : Les brises d'été, poésies (1870)
L'aube a ses sourires de flamme
Qui font éclore les beaux jours ;
Dans ses doux chants l'oiseau proclame
Son allégresse et ses amours ;
Le lion a son cri superbe
Qui retentit jusques aux cieux ;
L'insecte a son abri sous l'herbe !
L'aigle, son vol majestueux ;

La fleur a son parfum suave,
Le sapin son âcre senteur,
Le cratère vomit la lave,
Le ruisseau murmure, rêveur ;
Au désert plane le silence,
Le bruit ébranle la cité,
Le nid aux rameaux se balance,
L'épi se dore au ciel d'été ;

La vague vient baiser la plage
Éblouie aux feux du soleil ;
L'œil salue au ciel sans nuage,
Durant la nuit l'astre vermeil ;
La foudre a sa voix éclatante,
La brise ses tendres soupirs,
Le ciel a son hymne constante,
La terre ses vagues désirs !

Le puissant a son diadème,
L'opulent ses riches trésors,
Le poète, — faveur suprême ! —
A le luth aux vibrants accords ;
Le philosophe a la sagesse,
Le héros, la gloire au grand jour ;
Moi, j'ai la plus douce richesse,
C'est la richesse de l'amour !

Louis Oppepin