Le flambeau de la foi, de Louis Oppepin.

Le flambeau de la foi.

Recueil : Les brises d'été, poésies (1870)
Heureux celui qui croit ! Plus fort dans la tempête
Que le roc tourmenté par les flots en fureur,
Il entend, sans frémir, la foudre sur sa tête,
Et ne chancelle pas sous les coups du malheur !

Il va, les yeux fixés aux célestes rivages ;
Ses pieds sont déchirés aux ronces du sentier,
Ses nuits sont pleines d'ombre et ses jours de nuages,
Ses flancs saignent : n'importe ! il marche sans plier !

Quand l'hiver, noir fantôme à l'haleine glacée,
Accourt, enveloppé de ses âpres frimas,
L'hirondelle s'enfuit par son instinct poussée,
Et vole, sans errer, à de plus doux climats !

Quelle main la conduit dans sa course lointaine ?
Quelle voix lui promet, là-bas, vie et chaleur ?...
Celui qui donne l'onde aux ruisseaux de la plaine,
Le soleil au ciel pur et l'encens à la fleur !

Et, confiant, l'oiseau descend de plage en plage,
Sentant dans son essor le doigt mystérieux.
Songe-t-il aux dangers du pénible voyage ?
Non ; il atteint le but et gazouille joyeux !

Hommes, relevez-vous ; cette main si puissante
Qui veille aux plus petits, tient pour vous allumé
Le flambeau de la foi, dont la flamme éclatante
Vous montre du bonheur le chemin parfumé !

Marchez donc, courageux, à cette clarté sainte !
Et si le doute amer parfois trouble vos fronts,
Au céleste flambeau rattachez-vous sans crainte :
Dieu ne vous suit-il pas de ses regards profonds ?

Louis Oppepin