À ma soeur, de Ludovic de Vauzelles (1842).

À ma soeur.

Recueil : Poésies (1842)
Au rayon dansant qui m'éclaire,
La nuit, au bois, loin des humains,
J'aime, assis près d'une onde claire,
Rêver la tête dans les mains.

J'aime la piquante ironie
Que le pinson vient me chanter,
Quand il me rend en harmonie
Mon pain qu'il a su becqueter.

J'aime aussi la feuille tremblante,
Tremblante aux haleines de mai ;
Et la sylphide sémillante
Dormant en un lis embaumé ;

Et les fils perdus dans l'espace,
Le jonc que le vent fait ployer ;
Le parfum de brise qui passe
Dans les rameaux du peuplier ;

Et la petite abeille folle
Qui bourdonne de fleurs en fleurs,
Ou boit au fond de leur corolle
Ce que l'aube y versa de pleurs ;

Et cette nature qui chante
Comme un linot à son réveil,
Cette nature si touchante
Aux premiers rayons du soleil ;

Et plus encore tout ce qui change
Ou n'a qu'une heure, ainsi que moi :
Oui, j'aime tout cela, mon ange,
Mais je n'aime rien comme toi !


Ludovic de Vauzelles.