L'amour, de Louise Colet.

L'amour.

Recueil : Les fleurs du Midi (1836)
Quand tu mets dans ma main ta main petite et blanche,
Quand tu tiens sur mon sein ton front pur incliné,
Jeune amie, avec moi sans que ton cœur s'épanche,
Le mien l'a deviné.

À tes yeux d'où s'échappe une larme brûlante,
À ta joue empourprée et pâle tour à tour,
À tes soupirs brisant ta voix molle et tremblante,
J'ai reconnu l'amour !

J'ai reconnu ce feu qui donne et prend la vie,
Qui détruit le repos, le bonheur, la raison,
Et qui jette dans l'âme à peine épanouie
Un dévorant poison.

Le destin qui t'attend éveille mes alarmes,
Dans mes tourments passés je lis ton avenir,
Et mes yeux, en mêlant leurs larmes à tes larmes,
Pleurent de souvenir.


Louise Colet.