Attachez-vous avec tendresse, d'Hippolyte Fleury.

Attachez-vous avec tendresse.

Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
Attachez-vous avec tendresse,
Aimez, aimez d'un vif amour ;
La femme adore avec ivresse
Lorsque l'amant est sans détour.

Si comme un papillon volage
Qu'on voit passer de fleur en fleur,
Elle est pour vous un badinage,
N'attendez plus rien de son cœur.

Comme cette onde qui s'agite
Sur les deux rives d'un ruisseau,
Qui s'éloigne et se précipite,
Allant chercher un lit nouveau :

La femme alors vous abandonne,
Son cœur a pris un autre cours,
Elle attend une autre couronne
D'un autre, pour aimer toujours !

La femme est un être mobile
Plus mobile que le zéphyr,
Et l'amant serait bien habile
Qui croirait pouvoir l'asservir.

Comme les larmes de l'aurore
Qu'on voit le matin sur les fleurs,
La femme est pure, elle aime, adore,
Dans son ivresse ou dans les pleurs.

Hippolyte Fleury