Laisse-moi dormir en silence, de Fréderic Marth.

Laisse-moi dormir en silence.

Recueil : Les poésies et sonnets intimes (1884)
Si tu viens pour me sourire,
Et si tes lèvres que j'admire,
Veulent ainsi me mettre en feu ;
Si tu cours, vive et coquette,
Devant moi comme une fauvette
Et si pour toi ce n'est qu'un jeu ;

Si ton cou d'enfant s'avance,
Plein de grâce et de confiance,
Sur mon épaule à chaque instant ;
Si ta superbe gorge blanche
Près de moi doucement se penche
Et s'abandonne en frissonnant ;

Si tu viens, douce et câline,
Ainsi qu'une fleur qui s'incline,
Mettre tes yeux devant mes yeux ;
Si ta jolie bouche fraîche et rose
Ne peut murmurer autre chose
Que : Je t'aime si tu le veux ;

Si tout cela n'est pas sincère,
S'il faut que la peine me serre
Le cœur à le faire éclater :
Laisse-moi dormir en silence.
Tu aimeras ailleurs, je pense,
Je n'irai pas te tourmenter.

Fréderic Marth (1852-1911)