Blessure d'amour, de Constance de Théis.

Blessure d'amour.

Recueil : Poésies (1811)
Souvent, plus amoureux que tendre,
Un amant choque innocemment ;
Il voit nos pleurs sans les comprendre,
Et blesse encore en s'excusant :
D'une fausse délicatesse
N'allez point alors vous armer ;
Songez qu'un peu de maladresse
N'empêche pas de bien aimer.

Quand du temps la faux redoutable
Viendra moissonner vos attraits,
Qu'un esprit toujours plus aimable,
Fasse oublier un teint moins frais :
On attire par la figure,
Mais on conserve par l'esprit,
Et l'esprit est une parure
Que jamais le temps ne flétrit.

Si la vieillesse enfin vous glace,
Sachez renoncer aux amours ;
Que l'amitié, prenant leur place,
Embellisse vos derniers jours :
Un vieux et paisible ménage
Connaît encor quelques douceurs ;
L'hiver a des jours sans nuage,
Et sous la neige il est des fleurs.


Constance de Théis.