L'espoir, de Pétrarque (1304-1374).

L'espoir.

Recueil : Le Canzoniere (1304-1374)
L'amour tout à la fois me repousse et m'appelle,
Me dédaigne, sourit, m'excite et me retient,
Prolonge mon tourment, et dans l'espoir me tient,
Me calme, m'épouvante, et me brûle et me gèle.

Comme il veut il exalte, il abaisse mon cœur,
Qui du plus doux désir peut perdre alors la trace.
Il sent qu'un objet cher s'affaiblit et s'efface,
Et ne peut s'expliquer une si neuve erreur.

Une pensée amie à ma raison troublée
Montre alors un sentier de fleurs
Que jamais n arrosent les pleurs,
Et promet que sa peine y sera consolée.

Mais par force majeure elle doit en sortir,
Pour prendre un chemin qui diffère,
Et, malgré son avis contraire,
À sa chaîne, à ma mort elle doit consentir.

Pétrarque.