La fleur de pêcher, de Charles de Pomairols.

La fleur de pêcher.

Recueil : Les rêves et pensées (1880)
Le blanc printemps n'aura jamais de feu si clair !
Près des bois restés noirs, dans la petite vigne,
Le pauvre paysan y trouve un joyeux signe,
Car la couleur du vin lui rit dans cet éclair.

Le songeur, coutumier des formes de l'hiver
Où l'arbre et le rocher n'ont qu'une raide ligne,
Croit voir dans la fleur rose un minéral insigne
Qu'un rayon merveilleux aurait frappé dans l'air.

Méconnaissant encor la pulpe de la sève,
Le regard ébloui s'égare dans le rêve
D'une gemme insensible aux rigueurs des frimas,

D'une pierre, manquant à l'écrin de nature,
Par qui s'achèverait une rouge parure
Faite de vos lueurs, ô rubis et grenats !


Charles de Pomairols (1843-1916)