La haine aveugle, d'Edmond Arnould.

La haine aveugle.

Recueil : Les sonnets et poèmes (1863)
Laisse fuir dans les airs les nuages mouvants,
Laisse les eaux courir et tomber l'avalanche,
Laisse aussi murmurer la haine qui s'épanche,
Aveugle en son instinct comme l'onde et les vents.

Pour oublier ce mal, triste lot des vivants,
Écoute la chanson de l'oiseau dans la branche,
Interroge la source où le chevreuil se penche,
L'azur profond des nuits et les soleils levants.

Fais mieux recueille en toi, de tes mains enlacées,
La fleur des sentiments et la fleur des pensées ;
Tourne-les en priant vers l'éternel espoir,

Et tu verras bientôt l'ardente calomnie
S'effacer à tes yeux, impuissante et ternie,
Comme un feu qui s'éteint dans la brume du soir.

Edmond Arnould (1811-1861)