Le cœur rempli du passé, d'Edmond Arnould.

Le cœur rempli du passé.

Recueil : Les sonnets et poèmes (1863)
Sous ces arbres jaunis où souffle un vent glacé,
Où le soleil s'éteint dans une brume épaisse,
Je promène mes pas qu'alourdit la tristesse,
Le cœur encor rempli des spectres du passé.

Tout ce que j'ai senti, tout ce que j'ai pensé
Me revient morne et froid, sans charme, sans ivresse,
Et si je revoyais l'ombre de ma jeunesse,
Je ne connaîtrais plus son visage effacé.

Tombez, feuilles des bois, dépouillez ces beaux chênes,
Car ils reverdiront dans les saisons prochaines,
Et, d'étés en étés, on les verra grandir !

Tombez aussi, tombez, illusions fanées ;
Rêves, espoirs, bonheurs de mes fraîches années,
Tombez... la mort viendra, qui fait tout reverdir !

Edmond Arnould (1811-1861)