La maison, de Charles de Pomairols.

La maison.

Recueil : Les rêves et pensées (1880)
Assise fièrement au bout d'un promontoire,
Mais serrée au penchant d'un plateau qui finit,
Ma maison, d'un côté, se cache comme un nid
Et, de l'autre, en plein ciel dresse un observatoire.

Elle domine tant le proche territoire
Qu'il se creuse sous moi, baisse et s'évanouit,
Et que l'horizon seul dont l'âme s'éblouit
Orne ce lieu, laissant tout le reste accessoire.

Et par une vertu qui me pousse en avant,
Je me sens incliné vers l'espace, où le vent
Agite les rayons en gerbes d'étincelles ;

Et, mon corps n'ayant plus d'asile nulle part,
Mes pieds ne trouvant pas de commode départ,
Vers les chemins du ciel mon rêve prend des ailes.


Charles de Pomairols (1843-1916)