La mort de l'âme, d'Edmond Arnould.

La mort de l'âme.

Recueil : Les sonnets et poèmes (1863)
Quand le souffle est parti, nous enterrons les corps.
Qu'on les couvre d'un marbre ou d'une simple pierre,
Qu'on leur jette en passant ou dédain ou prière,
Ils reposent en paix, car on sait qu'ils sont morts.

Sur leur tertre incliné l'herbe peut croître alors,
La fleur s'ouvrir, le ciel épancher sa lumière ;
Le temps avec le sol confondra leur poussière,
Et de leur tombe un jour effacera les bords.

Mais quand le corps se meut, quand l'âme seule est morte,
Quand, des biens et des maux que l'existence apporte,
Il ne reste rien.... rien qu'un froid besoin d'oubli,

Dieu lui-même devrait écrire en traits de flamme,
Sur le sépulcre où gît cet être enseveli :
« Vivants, n'approchez pas ; c'est le tombeau d'une âme. »

Edmond Arnould (1811-1861)