La souffrance et la mort, d'Ernest Bussy.

La souffrance et la mort.

Recueil : Les poésies et sonnets (1884)
C’est un fâcheux destin que d'avoir à mon âge
Souffert si longuement que j'ai déjà souffert ;
Car Dieu m'a châtié d'une verge de fer,
Et les jours sont mauvais de mon pèlerinage.

Sans doute il me fallait ce rude apprentissage,
Et j'ai, sans murmurer, bu le calice offert.
Mais, lorsque sous mes pas, le tombeau s'est ouvert,
Ma chair a frissonné devant l'obscur passage.

Pleurer ? Que font les pleurs ? Crier ? Les cris sont vains.
La plainte ajouterait aux châtiments divins.
Attends-toi sans faiblesse au départ qu'on redoute

Et contiens tes sanglots quand la douleur te mord !
— L'homme, dans tous les temps, a trouvé sur sa route
Ces deux fatales sœurs : la Souffrance et la Mort.

Ernest Bussy (1864-1886)