L'amour déçu, de Marie Folleville.

L'amour déçu.

Recueil : Poésies diverses (1831)
Ne tente plus, Amour, de séduire mon cœur :
À jamais il te fuit, toi et tout ton empire.
C'est en vain que, cherchant à devenir vainqueur,
Tu voudrais m'enchaîner avec un doux sourire :

Tous tes liens de fleurs cachent des fers pesants
Dont l'empreinte jamais ne peut être effacée.
Moi, t'écouter encor ! moi, croire à tes serments !...
Non : je connais trop bien ta perfide pensée.

Quand tu saisis un cœur, c'est pour le déchirer ;
Ton bonheur est toujours dans la peine et les larmes,
Et si parfois tu feins de souffrir, de pleurer,
Tu te venges bientôt en reprenant tes armes ;

D'esclave doux, soumis, qui meurt à nos genoux
S'il n'obtient ce qu'il veut d'une âme faible et tendre,
Tu deviens un tyran plein d'un orgueil jaloux,
Et par mille tourments tu sais soudain reprendre

Ce que pour un instant tu semblas nous donner...
Laisse-moi donc, cruel, porte ailleurs ta souffrance,
Fuis, renonce à mon cœur, il ne veut plus aimer...
Il va tâcher de vivre, seul, avec l'indifférence.

Marie Folleville.