L'amour est dans ton cœur, d'Eugène Goubert.

L'amour est dans ton cœur.

Jeune fille, ta bouche, autrefois si rieuse,
Ne s'ouvre plus, hélas ! qu'à de furtifs soupirs ;
De tristesse ton front se voile et, soucieuse,
Inquiète, tu fuis à l'aspect des plaisirs.

Ton teint jadis si frais, déjà se décolore ;
Ton regard a perdu son éclat enchanteur :
Ainsi souvent la fleur qu'un matin voit éclore,
Le soir penche son front sans parfum, sans couleur.

Dis-moi, quel mal secret de ton heureuse vie
Empoisonne le cours ? — De ton cœur virginal
Qui peut troubler la paix ? — Ta colombe chérie
Fuit-elle tes baisers ? — De son chant matinal
Qui charmait ton réveil, la fauvette aurait-elle
Suspendu les concerts ? — L'églantier que ta main
Avec soin élevait a-t-il promis en vain
Le tribut désiré d'une rose nouvelle ?

Non ! — Tu baisses les yeux, une vive rougeur
Vient colorer ton teint... l'amour est dans ton cœur !


Eugène Goubert