Mon bon ange, d'Eugène Goubert.

Mon bon ange.

Recueil : Les poésies et sonnets intimes (1872)
Lorsque pour la première fois
J'aperçus son regard si tendre.
Lorsque vibra sa douce voix
Qu'il me semble toujours entendre,
Dans mon cœur charmé je sentis
De trouble et de joie un mélange.
Dont tous mes sens furent surpris.
Ah ! dis-moi pourquoi, mon bon ange !

Hélas ! depuis ce moment-là
Mon âme en est toute oppressée ;
Lui toujours, toujours lui, voilà
Ah ! voilà ma seule pensée !
Dès que l'on prononce son nom
Mon visage de couleur change,
Mon regard s'anime, dit-on
Je n'y comprends rien, mon bon ange !

Je veux le voir s'il est absent ;
Est-il là, je crains sa présence.
S'il parle, qu'il est éloquent !
S'il se tait, j'entends son silence.
J'y songe aussitôt mon réveil ;
Même, par un mystère étrange,
Je le revois dans mon sommeil...
Ah ! protège-moi, mon bon ange !


Eugène Goubert