Un triste et long regard, d'Hippolyte Fleury.

Le départ, un triste et long regard.

Recueil : Les nouvelles feuilles des bois (1873)
J'ai toujours conservé cette feuille de rose
Que tu jetas sur moi le jour de ton départ ;
Elle était fraiche alors, brillante, à peine éclose,
Je ne pus te donner qu'un triste et long regard.

Le temps a desséché les larmes de l'aurore
Qui sur elle tombaient de son char, en passant ;
Mais séparé de toi, mon cœur conserve encore
Cette feuille, cyprès au parfum séduisant !

Je viens de la couvrir d'un baiser de ma bouche,
Et la confie aux flots sous l'aile de l'autan ;
Quand tu la recevras, oh ! que ta lèvre y touche
Pour nous unir encore à travers l'océan !

Hippolyte Fleury