Les douloureux départs, d'Ernest Bussy.

L'amitié nous rassemble.

Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Enfin vous revenez, Mignonne,
De ces blanches rives du Nord
Où le soleil pâli rayonne !
Enfin vous revenez, Mignonne,
Chercher, ainsi que l'Alcyone,
Un nid moelleux dans notre port !
Enfin vous revenez, Mignonne,
De ces blanches rives du Nord !

J'en ai gardé la remembrance,
Du soir attristé des adieux,
Où chacun voilait sa souffrance ;
J'en ai gardé la remembrance :
Vous nous quittiez, et l'Espérance
Avait pris son vol vers les cieux.
J'en ai gardé la remembrance
Du soir attristé des adieux.

Dès que l'amitié nous rassemble,
Nous oublions le lendemain ;
La vie étant si brève, il semble,
Dès que l'amitié nous rassemble,
Que nous devons aller ensemble
Aussi loin que va le chemin.
Dès que l'amitié nous rassemble,
Nous oublions le lendemain.

Mais l'âme reste unie à l'âme
Malgré les douloureux départs !
Un sort différent nous réclame,
Mais l'âme reste unie à l'âme !
Sur cette claire et pure flamme
Les vents soufflent de toutes parts,
Mais l'âme reste unie à l'âme
Malgré les douloureux départs !

Voici de jolies tulipes et roses,
Mélancolique floraison,
Suprêmes fleurs pour vous écloses.
Voici de jolies tulipes et roses
Epanouis aux jours moroses
De l'avant-dernière saison.
Voici de jolies tulipes et roses,
Mélancolique floraison.

Bienvenue à la Voyageuse,
Plus aimée après son exil !
Elle sourit, lasse et joyeuse :
Bienvenue à la Voyageuse !
Voyez l'Alpe est toute neigeuse,
La plaine a manteau de grésil ...
Bienvenue à la Voyageuse,
Plus aimée après son exil !

Enfin vous revenez, Mignonne,
De ces blanches rives du Nord
Où le soleil pâli rayonne !
Enfin vous revenez, Mignonne,
Chercher, ainsi que l'Alcyone,
Un nid moelleux dans notre port !
Enfin vous revenez, Mignonne,
De ces blanches rives du Nord !

Ernest Bussy (1864-1886)