L'oiseau d'automne, d'Albert Mérat.

L'oiseau d'automne.

Recueil : Les poésies diverses (1902)
Les pauvres bêtes du bon Dieu
N'ont pas de grain, n'ont pas de feu.
Il fait du vent et de la pluie.
Elles ont froid, elles ont faim ;
Duvet frileux, plumage fin,
C'est la brise qui les essuie.

Au Luxembourg, cela va bien :
Les moineaux ne manquent de rien,
Leur effronterie exagère :
Mais dans les bois, sous le buisson,
Ni mouche, ni colimaçon :
C'est la débâcle et la misère.

Les petits oiseaux sont tout nus...
Les jours ne sont pas revenus
Qui font la plaine jaune et bleue.
À travers le matin brouillé,
Pour un épi vide et mouillé,
Il faut faire plus d'une lieue.

Pourtant, malgré bien du péril,
Les petits oiseaux, en avril,
Reverront leurs beaux pommiers roses.
Oh ! la lumière plein les nids !
La nature aux rayons bénis
Aime les bêtes et les choses.


Albert Mérat (1840-1909)