Vivons au jour le jour, d'Ernest Bussy.

Vivons, mortels, au jour le jour.

Recueil : Les sonnets et poésies inédites (1886)
Dans votre bois de sapins verts,
Je connais un nid de fauvette.
La muse inspire de doux vers,
Dans votre bois de sapins verts.
Pour nourrir ces becs entr'ouverts
Le père, tout le jour, volette.
Dans votre bois de sapins verts,
Je connais un nid de fauvette.

C'est un petit, tout petit nid
Que la mère couvre d'une aile.
Dieu le protège et le bénit.
C'est un petit, tout petit nid
Que le mois d'avril a garni
D'aubépine et de citronnelle.
C'est un petit, tout petit nid
Que la mère couvre d'une aile.

On chante du matin au soir
Dans ce paisible et sûr asile.
Content de ce qu'on peut avoir,
On chante du matin au soir.
Sans vain regret, sans fol espoir,
— Douce gaîté que rien n'exile —
On chante du matin au soir
Dans ce paisible et sûr asile.

Vivons, mortels, au jour le jour,
Simplement, comme la fauvette.
Du bon Dieu connaissant l'amour,
Vivons, mortels, au jour le jour ;
Pourvu, quand viendra notre tour,
Qu'à partir notre âme soit prête.
Vivons, mortels, au jour le jour,
Simplement, comme la fauvette.

Ernest Bussy (1864-1886)