J'ai regardé trop au fond de la vie, d'Élise de Pressensé.

J'ai regardé trop au fond de la vie.

Recueil : Les poésies nouvelles (1869)
Tout s'éveille et sourit... La vie est une fête
Sous ton beau ciel d'azur, mois de mai, doux printemps,
Et ce qui reste en moi de l'âme de poète
Va retrouver aussi sa fraîcheur de vingt ans.

Quand tout prend une voix, resterai-je muette,
Et pour te saluer n'aurai-je pas d'accents ?
Mais d'où vient dans mes yeux cette larme indiscrète,
Et pourquoi ce sanglot qui se mêle à mes chants ?

C'est que j'ai regardé trop au fond de la vie...
Au problème éternel mon âme s'est meurtrie,
Et le printemps en fleurs ne saurait la guérir.

J'admire sa beauté, je sens son harmonie,
Mais rien n'apaisera la tristesse infinie
De voir autour de soi tant pleurer et souffrir.


Élise de Pressensé (1826-1901)